Dutch Harp Festival aux Pays-Bas
Notre concert lors de ce festival au début du mois s’inscrivait dans le contexte de la «Route de la harpe», le dernier jour du festival. L’idée était d’emplir la ville de musique pour harpe, en proposant des concerts dans divers lieux tout le long du jour. Il y avait presque trop d’événements pour pouvoir les suivre tous, mais la présence d’un guide permettait aux spectateurs de passer à temps d’un concert à l’autre.
C’était la première fois que nous prenions part à ce genre de concert «chasse au trésor», et nous étions curieuses d’essayer. Bien qu’il nous fût impossible d’en goûter toute la variété en tant que spectatrices, cette expérience s’avérerait unique en tant qu’artistes. Nous devions rester en un même lieu, et jouer trois fois de suite le même programme pour divers groupes d’auditeurs. Jusque là, nous ne connaissions que deux sortes de concerts – des concerts d’une heure sans entracte, ou deus fois quarante-cinq minutes avec entracte – comme si les deux seuls parfums de glaces étaient chocolat et vanille. Quelle serait notre impression en jouant plusieurs fois un programme plus court ?
Nous sommes arrivées en début d’après-midi à la Paushuize, située derrière la Dom Cathédrale dans le centre de la ville. Ce bel édifice en briques, datant de la renaissance, a été construit par le seul Pape hollandais, Adrien VI. Aujourd’hui, il est utilisé comme lieu de conférences, et comme siège pour les représentants de la royauté. Outre sa beauté, ce bâtiment abrite également quelques fantômes ! (Notre premier concert hanté ! ) Nous avons été accueillies par un organisateur extrêmement serviable, qui nous a offert du thé sur un plateau, avant de parcourir le palais de fond en comble en quête d’un tapis qui empêcherait les harpes de glisser, et d’une petite table pour les castagnettes d’Elizabeth. Une somptueuse loge fut mise à notre disposition, agrémentée de meubles antiques et d’un lustre, et dont les murs étaient drapés de soie.
À 14 heures, notre premier concert de trente minutes a commencé, suivi de deux autres, entrecoupés de courtes pauses afin de reprendre notre souffle. Le fait de jouer trois fois de suite nous rappelait notre participation musicale à un spectacle théâtral de Fables de Jean de La Fontaine, spectacle qui s’est joué pendant plusieurs semaines en 2009. Chaque prestation se devait d’être neuve et attrayante pour le public, malgré la répétition. À la première, l’excitation et le trac d’un concert conventionnel battaient leur plein. À la seconde, nous étions échauffées et plus à l’aise. À la troisième, le trac avait complètement disparu, mais nous commencions à fatiguer, et maintenir notre concentration devenait une gageure. Une quatrième prestation aurait été de trop, et nous étions heureuses et exténuées lorsque le dernier groupe d’auditeurs eut quitté la salle.
Pour ces trente minutes de musique, nous avons présenté un extrait du programme espagnol que nous avons élaboré cette année. Nous en avons joué l’intégralité à Paris le 11 avril, et nous sommes enthousiastes à l’idée de l’emmener au Brésil, où nous nous produirons à l’occasion du festival de harpe de Rio de Janeiro, les 8 et 9 mai !